
« Love Never Fails — Side B », met en scène un nouveau départ fragile, sous le ciel automnal du Montana. Le groupe d’amis se soude et tente de se reconstruire après l’emprise et la douleur. Mais quand Mason, le pilier de cette « found family », vacille à son tour, les liens de tous sont mis à l’épreuve… Une romance intense mêlée à un secret inavouable. Une seconde partie qui fait la part belle à l’amour, le vrai, celui qui n’échoue jamais.
Résumé

Après avoir échappé à l’emprise destructrice de Matt, Isaure tente de se reconstruire, épaulée par Mason, son compagnon, et Ebony, sa meilleure amie. Ensemble, ils forment un trio soudé, bientôt rejoint par les membres du groupe de rock Farewell. Tous décident de s’installer dans le Montana, espérant y retrouver un équilibre et se recentrer sur la musique, leur passion commune.
Mais alors que la vie semble enfin plus douce, Mason se referme, froid et distant. Quel fardeau porte-t-il en silence ? Et leur histoire résistera-t-elle à ce nouveau bouleversement ?
La suite et fin de la duologie
Le mot de l’autrice

La seconde moitié de l’histoire est sans aucune hésitation ma préférée des deux : loin de l’emprise toxique de Matthew, j’ai vu ma petite troupe d’amis reprendre goût à la vie surmonter de nouveaux obstacles. Parfaitement imparfaits, ils n’en restent pas moins soudés, attachants et ont laissé une empreinte particulière en moi. Mason reste de loin le personnage que, de tous mes romans, j’ai préféré créer.
Extrait
– Qu’est-ce que tu fais si loin du Montana, Mason ? s’enquit-il.
– On m’a dit que les p’tits génies de demain se produisent ici. J’ai eu envie de vérifier ça par moi-même, mentis-je à moitié, peu tenté de lui confier les véritables raisons de ma désertion.
– Le monde est petit.
– Ah bon ?
– Je suis là pour ça aussi. Tu ne vas pas être déçu, précisa- t‑il d’un signe de tête tandis qu’un autre musicien entrait sur la petite scène, accompagné d’un chien qui ressemblait drôlement à un loup.
Je n’eus pas le temps d’interroger Philæ plus longuement : le type au chien, qui portait un grand stetson, s’installa sur le tabouret et commença à jouer. J’avais beau être engourdi par la fatigue, le choc et le whisky, quelques notes seulement suffirent à me déclencher une bouffée d’adrénaline monumentale. C’était l’intro de Love Never Fails.
De Farewell.
De moi.
La chanson qui avait fait tomber Isaure, rappelez-vous. Comme si l’univers se payait ma tête. J’eus envie de me tirer, au début. Et puis vite, très vite, je fus happé. Par la voix à la fois profonde et douce de ce type qui chantait avec une justesse folle, même si à cette distance et comme il était caché sous son chapeau, je ne pouvais que l’entrevoir. Il maîtrisait autant son jeu que son timbre chaleureux, avec une élégance bien à lui. Un truc assez indéfinissable ; j’étais scotché. Remarquant mon expression, « Sam » me gratifia d’un sourire et me répéta :
– Je te l’avais dit : le monde est petit.
– Tu le connais ?
– Très bien, oui. C’est moi qui l’ai entrainé ici. Il y a plus d’un producteur qui passe dans le coin. Il a du talent et un coeur énorme. Il mérite le succès. J’irais pas jusqu’à dire que je suis son manager, mais j’ai quelques contacts qui sont venus le voir jouer, ce soir, ajouta-t‑il en désignant le public d’un signe de tête.
Je me concentrai sur la musique, de plus en plus attentivement, les paupières closes, tapotant du bout des doigts sur le comptoir pour mieux capter son rythme, son style, disséquer son interprétation. Ça ne ressemblait en rien à la voix cassée de Matthew ; la sienne était dotée d’une douceur suave, d’une rondeur réconfortante et puissante à la fois. Ça n’en était pas moins sublime. Prodigieux, même. Oui, « prodigieux », c’est le mot qui me traversa l’esprit en l’écoutant.
C’est comme ça que l’idée me vint.
C’est dans cette salle bondée, à côté de ce grand Cherokee aux yeux azur et un énième whisky à la main, en redécouvrant ma chanson dans la bouche d’un inconnu, que je pensai les premières lignes de ma seconde pièce de théâtre grandeur nature.
